Comment le Citoyen se fait plumer…et
comment fonctionne le pillage de l'humanité et de la planète. [1]
Créée en Août 2016. Mise à jour 16 Avril 2017.
Les mille personnes les
plus riches de la planète détiennent $4 Trilliards d’actifs[2].
Soit presque 2% de la fortune de 7 milliards d’êtres humains. Cet enrichissement
relatif et absolu, aux dépends des autres et des ressources naturelles, s’accélère
depuis 1980, n’a pas ralenti depuis 2009, et compromet maintenant l’économie et
l’écologie mondiales. Il n'a plus rien à voir avec la création de richesses si chère aux libéraux. Il résulte d’une escroquerie permanente appelée
financiarisation.
En voici le mécanisme.
En voici le mécanisme.
Le « monde de la finance »
existe.
C'est une industrie[3] qui
fonctionne « à l’envers » des autres: L’industrie classique procède
de la matière (première) achetée à la matière (finale) vendue en passant par
l’argent comme outil. La finance procède de l'argent (matière première) emprunté
vers l'argent (plus-value finale) approprié, en passant par les titres[4]
qui contrôlent l'entreprise, comme outils. Ce n’est pas une société secrète. Si
un jeune Jérôme Kerviel correctement diplômé[5]
et formé[6]
est recruté par un département de trading dans une banque, il entre librement dans cette industrie.
Les grands sièges de cette industrie sont New York et Londres, mais aussi
Boston, Singapour… Londres joue en Europe un rôle particulier, sorte de Vatican
de la finance très libre d’opérer dans l’UE. Avec Brexit, Londres continuera t-elle à jouer ce rôle? Nous verrons...
Comment elle s’est corrompue depuis la grande dérégulation, 1978-91 :
L’action que vous achetez cash 100 Euros le 1er Mars et revendez
125 Euros le 1er Juillet vous fait faire un gain de 25 Euros. Celle que vous achetez à un terme de trois mois (vous ne payerez que dans trois
mois ce qu’elle vaudra alors) et revendez immédiatement 100 Euros qu’elle vaut
maintenant vous en fait gagner autant si elle chute à 75 Euros. Chaque fois
vous pouvez vous tromper, donc prenez un risque. Mais si vous êtes de ceux qui
savent d’avance qu’elle va monter ou descendre, le risque disparaît, et vous
vous enrichissez aux dépends des autres qui s’appauvrissent. Cette fraude
s’appelle un délit d’initiés. Elles n'est pas nouvelle en soi.
Mais dans les années 1978-1991 eut lieu la grande dérégulation de l'industrie bancaire et du marché financier, partie de Wall Street et étendue à la City de Londres, à l'Europe et au monde. Le délit d'initiés est devenu permanent parce que les entreprises cotées en bourse ont profité de cette dérégulation d’alors pour commander la hausse artificielle de leurs actions. Leur équipe dirigeante conseillée par les banques et avocats d'affaires le font chaque fois qu’elles décident de racheter un certain montant de leurs propres actions dans des conditions connues des seuls initiés (Buyback). Parmi ceux-ci figurent les dirigeants eux-mêmes, qui seront récompensés du bon pilotage du délit par a). Des Stock-options, droit d’acheter au prix d’origine (bas) un lot d’actions quand leur valeur aura monté comme prévu [7], d'autant plus que les décisions de réduction des coûts (licenciements, délocalisations, etc.) auront amplifié l'encouragement à acheter l'action en hausse artificielle; b). Des salaires somptuaires; et c). Des « parachutes dorés » lors de leur licenciement prévu à l’avance. Ce sont des bonus exceptionnels payés au dirigeant que l'on remercie après que le cours en bourse ait suivi un cycle complet: Hausse, puis baisse. On le remercie pour quoi? Pour avoir menti, en encourageant le marché public à acheter l'action quand il savait que son action allait finir par la faire chuter. Et on recommence avec un autre dirigeant. Voir en anglais http://archive.fortune.com/magazines/fortune/fortune_archive/2002/09/02/327903/index.htm
Mais dans les années 1978-1991 eut lieu la grande dérégulation de l'industrie bancaire et du marché financier, partie de Wall Street et étendue à la City de Londres, à l'Europe et au monde. Le délit d'initiés est devenu permanent parce que les entreprises cotées en bourse ont profité de cette dérégulation d’alors pour commander la hausse artificielle de leurs actions. Leur équipe dirigeante conseillée par les banques et avocats d'affaires le font chaque fois qu’elles décident de racheter un certain montant de leurs propres actions dans des conditions connues des seuls initiés (Buyback). Parmi ceux-ci figurent les dirigeants eux-mêmes, qui seront récompensés du bon pilotage du délit par a). Des Stock-options, droit d’acheter au prix d’origine (bas) un lot d’actions quand leur valeur aura monté comme prévu [7], d'autant plus que les décisions de réduction des coûts (licenciements, délocalisations, etc.) auront amplifié l'encouragement à acheter l'action en hausse artificielle; b). Des salaires somptuaires; et c). Des « parachutes dorés » lors de leur licenciement prévu à l’avance. Ce sont des bonus exceptionnels payés au dirigeant que l'on remercie après que le cours en bourse ait suivi un cycle complet: Hausse, puis baisse. On le remercie pour quoi? Pour avoir menti, en encourageant le marché public à acheter l'action quand il savait que son action allait finir par la faire chuter. Et on recommence avec un autre dirigeant. Voir en anglais http://archive.fortune.com/magazines/fortune/fortune_archive/2002/09/02/327903/index.htm
![]() |
En 2002, Fortune Magazine dénonce la financiarisation. |
La dérégulation des banques [8] a
permis à celles-ci de devenir actrices et pilotes à la fois, en ignorant les
conflits d’intérêt, allant parfois jusqu'à utiliser l’épargne du public comme
masse de manœuvre pour garantir indirectement ces opérations[9].
Les masses financières ainsi générées ont rendu plus facile la corruption
des hommes politiques, donc la multiplication des opportunités de pillage. Un
cas exemplaire : Goldman Sachs faussant les chiffres de leur audit des
comptes de la Grèce[10]
pour permettre à celle-ci d’entrer d’abord dans l’Union Européenne, et ensuite dans l’Euro.
La fortune de la planète[11]
s’est accrue depuis deux siècles par le jeu de la Libre Entreprise innovant et
prenant des risques méritoires[12] :
Les entrepreneurs s’enrichissaient, mais créaient des richesses. Par contre, de
1980 à 2008, l’industrie de la finance a provoqué un gonflement artificiel de
la fortune de la planète évaluée par l’ONU à 550 Trilliards de dollars en 2008.
En 2009, cette fortune avait diminué de 10%, à 500 trilliards. Pendant ces trente années d’appauvrissement
général, l’industrie financière a récolté quelques pour cent de ces 50 trilliards disparus, soit 2 à 3 Trilliards de dollars.[13] Et cela continue. Cet appauvrissement a plus touché les pays ou la bourse est maîtresse : USA
d’abord, Angleterre ensuite, France ensuite, et bien moins l’Allemagne, ou la
puissance relative de l’industrie privée (Mittelstand, Volksbanks...) explique la résistance aux dieux de la
finance, et la compétitivité maintenant mondialement évidente.
Le remède du Comité Bastille : Le coup de pied dans la
termitière par la réforme fiscale et budgétaire soutenue par une Loi dite de Discipline budgétaire. La réforme de la société cotée en bourse. Toutes les conséquences :
Fin des paradis fiscaux, etc. Voir Comment la financiarisation peut être tuée dans l’œuf par notre réforme fiscale.
Quelques notes :
Ø
Les
conditions de vie des plus démunis ont régressé à peu près partout au cours des
vingt dernières années, mais à des périodes exactes, à des degrés, et à des
vitesses très variables d’un pays à l’autre. (Rapport PNUD, 2008) Le Comité Bastille suit l'accroissement des inégalités avec un modèle simple: Croissance des plus grosses fortunes comparée à évolution du pouvoir d'achat moyen. Nous contacter à atc@comitebastille.org pour en savoir plus.
Ø « Je pense que
les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des
armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des
banques privées contrôlent leur monnaie, ces banques et toutes les institutions
qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession,
d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs
enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs
parents ont conquis ». Thomas Jefferson, circ. 1805.
[1] Source principale : Managed by the
Markets – How Finance Re-Shaped America, par Prof. Gerald F.
Davis, Oxford University Press, 2009
[2] Classement de Forbes
Magazine.
[3] Ses professions
s’appellent: banques, assurances, sociétés d'investissement, gérants de fonds
d’investissement, agents de change, audits, experts-comptables, conseillers
juridiques et avocat d’affaires, consultants de toute sorte, et les cadres
dirigeants de sociétés cotées en bourse eux-mêmes ...
[4] Titres de propriété,
actions & obligations, contrats, instruments financiers divers y compris
ceux artificiellement créés (titrisation).
[5] MBA, gestion financière
et comptable. Rappelons que le marché des changes mondial prend la forme d’un réseau informatique de 6,600
institutions financières fonctionnant 24h/24, voir http://www.cadtm.org/Un-tour-du-village-planétaire
[6] Fonctionnement des
opérations de bourse et de trading en général, modèles informatiques utilisés…
Rappelons que le marché des changes mondial prend la forme d’un réseau informatique de 6
600 institutions financières fonctionnant 24h/24, voir http://www.cadtm.org/Un-tour-du-village-planétaire
[7] Et leurs décisions de
gestion, annoncées publiquement dans l’information financière, poussent le marché
boursier à anticiper l’accroissement des bénéfices grâce aux réductions de
coûts, fermetures d’usine, licenciements, transfert a la sous-traitance, etc., donc
à faire monter les cours plus vite.
[8] Notamment la fin du
cloisonnement étanche entre banque de dépôt et banque d’affaires.
[9] Voir notamment les
scandales autour des géants du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie
Mac aux USA.
[10]
http://lci.tf1.fr/economie/conjoncture/2010-02/goldman-sachs-a-t-elle-maquille-la-grece-5697899.html
[11] Somme de tous les actifs
immobiliers, fonciers, commerciaux, industriels et financiers du monde.
[12] Mesuré surtout par
l’espérance de vie. Joseph Schumpeter – Capitalisme, Socialisme et
Démocratie
[13] Sous forme
d’honoraires contingents, de plus-values a court terme, de stock-options, de
commissions de cession diverses…Tous payés en espèces, en contrepartie d’une
création de richesses virtuelle et fictive. Rappelons que le marché des changes
mondial prend la forme d’un réseau
informatique de 6 600 institutions financières fonctionnant 24h/24, voir http://www.cadtm.org/Un-tour-du-village-planetaire
Ces techniques financières, bien connues et usurairement pratiquées par les financiers de tout poil, échappe malheureusement à la compréhension d'une majorité de citoyens du monde.
RépondreSupprimerUne raison de plus, et notamment en France à l'aube des élections prochaines, de diffuser le plus abondamment possible cet article à destinations de tous nos carnets d'adresses, mais aussi de nos émissions facebook et autre twitter...A vos claviers...